L’affaire Zouma : Du greenwashing version félin
Lundi 7 février, le journal britannique The Sun relaye une vidéo dans laquelle le footballeur international français Kurt Zouma, à son domicile remplace l'habituel ballon rond par son chat. Le tout intelligemment filmé par son frère et diffusé sur le réseau social Snapchat. Depuis, son club West Ham lui a infligé une amende de 300 000 livres, ses chats lui ont été saisis, une pétition appelant à l'ouverture de poursuites judiciaires a fait un carton, Vitality a rompu le contrat qui liait l'entreprise d'assurance avec le club londonien et Adidas a également mis fin à tous liens contractuels avec le joueur. Ce dernier a été copieusement sifflé par ses propres supporters, et l'opinion publique tombe comme un seul homme sur le natif de Lyon.
Le caractère inhumain de ce comportement ne souffre d'aucunes contestations, et ce type d'agissement est évidemment condamnable.

Les vagues de réactions qui en découlent et qui inondent le paysage médiatique sont-elles proportionnées lorsqu'on met cet évènement en perspective avec les précédentes fautes commises dans l'environnement du football ? L'opinion publique semble avoir retrouvé la conscience qu'on lui pensait perdu, alors que chaque semaine sont ovationnés dans les stades des joueurs ou dirigeants condamnés pour fraude fiscale, insultes racistes, violences sur conjoints, conduites en état d'ivresse ou autres abus sexuels.
Que penser également de la privatisation du football populaire qui dépasse chaque année des limites qu'on pensait infranchissables ?
La question se pose d'autant plus à l'approche de l'organisation de la coupe du monde la plus insensée de l'Histoire, accueillie dans des stades dont la construction a mené des centaines de travailleurs au cimetierre selon un rapport du guardian. Là, aucun boycott. Qu'en pense le sélectionneur de l'équipe de France Didier Deschamps, si à l'aise pour évoquer cet acte « inadmissible, intolérable, d'une cruauté sans nom », mais beaucoup moins pour dénoncer ce mondial meurtrier auquel il participera visiblement sans hésitation ou remords.
Adidas et compagnie utilisent avec merveille cette affaire pour faire monter leur côte de sympathie, de popularité, et jouer le rôle du chevalier blanc effaré par tant de monstruosité. Du catwashing, en quelque sorte.
L'idée n'est pas de relativiser cette affaire, mais de la mettre en perspective avec des comportements honteux qui suscitent , eux, des réactions bien plus mesurées.
