Macron, le « président des jeunes » ?

25/04/2022
📷 Element5 Digital
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Alors plus jeune président élu en 2017 et instigateur d'un monde nouveau (une « Révolution » a-t-il écrit en 2017), Emmanuel Macron était, disait-on, le président « des jeunes ». Celui-ci a marqué son engagement en 2017 auprès d'une jeunesse qui entreprend dans ce monde nouveau de start up, d'autoentrepreneur et de travailleurs en freelance.

Mais une grande partie de la jeunesse pâtit de ce quinquennat qui s'achève. Le président, nouvellement élu, a en effet pris des mesures autoritaires précarisant cette dernière. Entre baisse des allocations de l'aide personnelle au logement (APL) qui profitent à près de 800 000 étudiants et baisse, selon l'économiste Thomas Piketty, de 7 % du budget par étudiant durant le quinquennat,  une partie de cette jeunesse estudiantine à progressivement été poussé à recourir au Secours populaire (selon l'article de Vincent Serrano « Précarité : 'on regarde le moindre centime’, se désole une étudiante » publié sur le site de RTL le 5 mai 2021, cela représente 63 000 étudiants en 2020, soit une hausse de 70 % par rapport à l'année 2019). Le locataire de l'Elysée fait également redouter un éventuel paiement des études (au-delà des frais d'inscriptions) en défendant la posture selon laquelle « on ne pourra pas rester durablement dans un système où l'enseignement supérieur n'a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants ».

Ce dernier s'est récemment forcé à une opération de communication plus que rabaissante pour la fonction présidentielle et pour la Nation en tournant une vidéo avec un duo d'influenceurs très suivi par une partie de la jeunesse. A-t-on observé les conséquences de cette mise en scène médiatisée dans les résultats du premier tour de l'élection présidentielle de 2022 ? Rien n'est moins sûr...

« Mamie vote Marine, elle a trois ans à vivre », L'odeur de l'essence, Orelsan

Selon un sondage Ipsos/Sopra du 9 avril 2022 la majorité des 18-24 ans ont voté Jean-Luc Mélenchon (31 %) lors du premier tour de l'élection présidentielle alors que le président-candidat n'a recueilli que 20 % des suffrages exprimés dans cette classe d'âge. Dans la classe des 35-49 ans, Marine Le Pen arrive en tête avec 28 % des suffrages tandis que le locataire de l'Elysée ne dépasse pas 24 %. Enfin, le « Président des jeunes » arrive à obtenir 41 % des suffrages dans la classe d'âge des 70 ans et + alors que la candidate du Rassemblement national arrive péniblement à 13 % des suffrages.

Visiblement, il ne reste que trois ans à vivre à Mamie, seulement elle ne vote pas Marine, elle vote Macron. Mais Orelsan ne s'est pas trompé sur le reste...

« Tous les vieux votent, ils vont choisir notre avenir », L'odeur de l'essence, Orelsan

On constate également que l'abstention des inscrits sur les listes électorales est forte chez les 34 ans et - puisqu'elle s'élève à 44 %, (abstention de 42 % chez les 18-24 ans et de 46 % chez les 25-34 ans, donc un taux participation en moyenne de 56 % chez les 18-34 ans). Tandis que la participation des retraités oscille entre 77 % et 88 % selon les classes d'âges dans la catégorie des 60 ans et +.

Par conséquent le « président des jeunes » est davantage le « président des retraités (aisés) », le président d'un électorat conservateur qui souhaite, entre autres, faire travailler ses enfants jusqu'à 65 ans, alors qu'il a lui-même bénéficié d'un régime de retraite plus avantageux. L'accès d'Emmanuel Macron au second tour, puis son élection au second, s'explique par la faible participation de la jeunesse au scrutin et par un programme conservateur auquel sont attachés les retraités qui redoutent ainsi les turbulences de leurs conditions sociales et de leurs intérêts, au moins pour la plupart d'entre eux.

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